Peut-on prétendre que la générosité et l’égoïsme sont intimement liés ?

Si vous avez déjà voyagé en avion, alors vous connaissez la consigne…

« En cas de dépressurisation, les masques à oxygène tomberont automatiquement à votre portée. Tirez le masque vers vous pour libérer l’oxygène. Si vous voyagez avec un enfant ou une personne ayant besoin d’assistancemettez votre masque en premier puis aidez l’autre personne à ajuster le sien. »

Et pourquoi ça ?

Parce que vous ne pouvez pas aider quelqu’un à respirer si vous êtes vous-même en train de suffoquer.

Ça parait logique non ?

Pourtant une certaine forme de bien-pensance en vogue dans la société tend à culpabiliser celui qui ne brandit pas son acte de générosité du mois.

Les élans de générosité sont célébrés tels des phénomènes surnaturels. Au lieu d’être admis comme des standards dont chacun jugerait l’opportunité à l’aune de ses réalités quotidiennes.

Faut-il encore bien entendu, cultiver en soi ce désir de tendre la main.


La générosité reportée, ou encore l’égoïsme sain

La raison pour laquelle beaucoup d’entre nous reculeront devant la suggestion que nous devrions être égoïstes est que, pendant toute notre vie, on nous a donné une idée déformée de ce qu’est l’égoïsme.

De la fable du Cheval et l’âne de La Fontaine, aux chants de Noël, en passant par Le Loup de Wall Street , on nous dit que l’égoïsme insouciant et la cupidité finiront par se retourner contre nous.

Qu’une vie donnée à l’hédonisme (recherche du plaisir et évitement de la souffrance) ou aux plaisirs vaniteux nous laissera finalement le sentiment d’être vides et inexistants.

Ce mépris impitoyable pour le bien-être des autres nous laissera un jour seuls et impuissants, ne trouvant pas d’amis quand nous en aurons le plus besoin.

Et manifestement la mémoire des aînés laisse à penser que tout cela est tout à fait vrai.

Toutefois, si l’avidité, l’indifférence, l’avarice, la cupidité sont condamnables, ils ne doivent pour autant pas être associés à l’égoïsme.

En effet, le véritable égoïsme, l’égoïsme sain, est celui qui est dicté par une règle simple.

Personne d’autre ne prendra soin de vous mieux que vous-même.

Et dans l’idée de diffuser du bonheur autour de vous, il faudrait déjà être heureux vous même n’est ce pas ?!

A-t-on déjà vu un aveugle montrer le chemin à un borgne ?

Non.

C’est pourquoi pour être efficace, votre générosité doit être ordonnée.

Pour ce faire, voici 5 règles qu’il est toujours bon de se rappeler.


1. Connaissez vos propres limites avant de penser à la générosité

On a tous nos limites, et personne n’est infatiguable. Pourtant on a souvent tendance à avoir les yeux plus gros que notre ventre et ce, dans tous les aspects de notre vie.

Par exemple quand on démarre un nouveau job, on essaie d’en faire toujours un peu plus, surtout en période d’essai. Le but étant de prouver à notre employeur qu’il a fait le bon choix en nous recrutant.

Sauf que ce faisant, on présente à notre boss un standard de performances qui est au delà de nos limites. On part du bureau le dernier, on essaie de traiter toutes les demandes dans l’heure, on est proactif sur tous les sujets, etc.

Bien que ce besoin de prouver soit légitime, il doit être contenu, s’avérant toujours contre-productif sur le long terme. Car en effet, pendant que vous sur-performez pour bien paraître, votre boss inscrit cela comme une norme qu’il sera désormais en droit d’attendre de vous.

Or, viendra le moment où vous serrez essoufflé à courir au delà de vos capacités. Et c’est bien normal.

C’est exactement le même procédé qui conduit beaucoup de relations à exploser, passé la phase où chacun a surjoué son soi.

Si dire oui à tout peut vous ouvrir des portes, savoir dit non peut donc vous sauver la vie.

« Non, je ne peux pas le faire maintenant. »

« Désolé ce n’est pas dans mes cordes de faire ça. »

« Non, je ne suis pas à l’aise à l’idée d’être associé à ce projet. »

Bien sûr cela ne signifie pas qu’il faudrait s’arc-bouter dans sa zone de confort. Cela conduirait plus probablement à une forme d’égoïsme destructrice et malsaine. Typiquement ce qu’il faudrait éviter.

L’idée est d’apprendre ses limites pour mieux canaliser son énergie et sa santé afin d’être disponible et efficace lorsque une urgence ou une opportunité requiert notre dévotion.

Souvenez-vous que mort, vous ne serez utile à personne.

Qui fait preuve de générosité ordonnée


2. Soyez à l’aise avec vos petits plaisirs

Il n’y a pas de mal à se faire du bien. Et qui est plus légitime que vous pour décider de ce qui devrait agrémenter votre vie ?

Certains bien-pensants, marchands de générosité à la sauvette, essaient d’infuser à la société l’idée selon laquelle si vous aimez vous acheter des paires de chaussures, des jolies voitures ou que sais-je… alors vous êtes un matérialiste sans profondeur.

Mais en toute chose il y a une graduation de nuances qui devrait vous permettre de positionner votre curseur à bonne distance entre le vaniteux sans âme, le généreux épicurien et le dictat de la générosité.

En effet, un égoïsme sain suppose que vous puissiez identifier et prioriser vos besoins et vos envies avant ceux des autres. Ce faisant, rien ne devrait vous faire culpabiliser de vouloir quelque chose juste parce que ça vous plaît. Et donc, sans qu’il n’y ait une grande raison éthique derrière.

Qu’il s’agisse d’un bon cocktail à déguster, d’une maison avec piscine ou juste d’un savon au sel de mer naturel, il n’y a rien de mal à vouloir ce qui vous fait du bien.

Peut-être n’en avez-vous pas besoin… Mais estimons-nous heureux de vivre dans une société où il ne faille pas encore justifier la grandeur de ses envies pour avoir le droit de passer à la caisse.

Ceci serait d’autant plus absurde qu’il n’y a pas un volume défini de bonheur dans le monde. Le fait de vous priver de certains plaisirs n’augmente pas le plaisir d’autres.


3. Acceptez que vous ne pouvez pas vivre pour les autres

Qu’il n’y ait pas de méprise !

Le propos n’est pas de dire qu’il ne faille pas aider les autres, être attentionné et vigilant à ce qui fait votre environnement. Ce serait d’ailleurs fou de ne pas l’être car votre qualité de vie se mesure à l’équilibre de votre environnement.

Faut dire qu’on connait peu de personnes heureuses seules sur une île aride et déserte.

Le préambule étant fixé, revenons à l’idée principale.

Il ne faut pas essayer de vivre à la place des autres quand on veut faire montre de générosité.

Si vous regardez autour de vous, vous connaissez sans doute quelqu’un qui traverse des moments difficiles actuellement. Quelqu’un qui a d’énormes difficultés financières ou qui vit une relation amoureuse difficile.

Et quelle que soit la raison qui a conduit à cette situation – malchance, mauvaises décisions, mauvais objectifs – vous devriez être prêt à tendre la main quand la situation l’exige. Mais quelle que soit l’aide que vous apporterez, vous ne pourrez jamais porter le fardeau qui n’est pas le vôtre.

L’égoïsme sain ne signifie pas qu’il ne faut pas être là pour les autres. Mais tout simplement que même en marchant ensemble, chacun fera toujours son propre chemin. Essayer de porter l’autre sur ses épaules c’est le meilleur moyen pour que tous les deux ne voyiez jamais la ligne d’arrivée.

En pratique, cela signifie qu’il faut avoir une vision claire de ce qu’on peut faire ou pas pour les autres.

Besoin que je te dépose à l’aéroport ? Pas de souci je serai là pour toi.

Tu pas perdu ton job parce qu’on t’a retiré ton permis à cause de conduite dangereuse répétée ? Je te consolerai 5 minutes mais pour la suite tu ferais mieux de maîtriser la carte du métro.


4. Trouvez le moyen de devenir la meilleure version de vous même

Dans son mémorable discours que nous avons classé parmi les 7 discours les plus inspirants de tous les temps, Denzel Washington rappelle « qu’on n’a jamais vu un coffre-fort derrière un corbillard*. (…) Et ce n’est pas toujours celui qui s’agite le plus qui en fait le plus. »

En effet, vous devez vous mettre en capacité de jouir pleinement de ce qui vous définit afin d’être en capacité de changer les vies lorsque vous tendez la main.

La bonne générosité ou alors l’égoïsme sain se situerait à mi-chemin entre les deux assertions de Denzel. D’un côté on n’emportera rien au paradis. Et de l’autre il n’y a point de proxénétisme dans un acte profond de générosité.

D’une certaine façon, l’égoïsme pourrait même se définir comme une étape indispensable vers l’altruisme.

Et pour cause, si vous voulez vraiment donner de vous, il faudrait qu’il y ait déjà quelque chose en vous à donner n’est ce pas ?

Alors aideriez-vous vraiment le monde, si vous n’exploitez pas tous les talents que l’univers a placé en vous ? À plus forte raison si vous vous éloignez de votre chemin poussé par l’appel continu de générosité qui vous mène partout sauf là où vous devez être.

En règle générale la meilleure décision que vous prendrez dans votre vie c’est celle d’être vous-même.

Imaginez être portier dans un hôtel de luxe. Rien de glamour, certes. Mais votre épanouissement dans votre travail pourrait faire de vous le meilleur portier dont on pourrait rêver. Quelqu’un de courtois, empathique, dont les ondes positives irradieraient le quotidien de milliers de clients.

Ce portier influence positivement la vie de dizaines de personnes tous les jours, à l’abri des compteurs homologués d’actes de générosité.

élan de générosité


5. Sachez que vous aurez besoin d’égoïsme et de générosité pour vous épanouir

Ça peut paraître absurde, et pourtant ayant beau retourné les choses dans tous les sens, on arrive toujours au même schéma…

L’égoïsme mène à l’accomplissement. L’accomplissement permet la générosité saine et durable. Et votre niveau d’épanouissement est intimement lié à votre générosité.

Avant de penser donc à sauver le monde, et si vous essayiez déjà de prendre soin de vous.

Ne serait-ce même pas là un acte d’égocentrisme ultime de penser que la personne que vous voulez désespérément aider ne s’en sortirait pas si vous n’étiez pas là ?

D’autant plus que la nature a horreur du vide. Et ce que vous ne faites pas aujourd’hui, d’autres le feront, en attendant que vous puissiez le faire demain.

La quête d’accomplissement devrait donc être votre première obsession.

Vouloir de la reconnaissance pour ce que vous apportez à la société ne fait pas de vous quelqu’un de vaniteux.

En effet, tirer de la fierté dans le fruit de son travail nous encourage à être fier de faire ce travail tout simplement. Vouloir avoir le contrôle de son destin nous oblige à prendre des initiatives. Essayer de construire des amitiés saines nous amène à nous présenter sous notre meilleur jour.

Alors investissez en vous même.

Faites les efforts nécessaires pour trouver votre chemin vers l’accomplissement et l’épanouissement. Et rappelez-vous que le bonheur ne se trouve pas qu’au somment, mais aussi dans le fait de gravir la colline. Alors sans nécessairement atteindre le sommet, aidez quand vous pouvez, faites le chemin avec qui vous souhaitez.

Mais avançant sur ce chemin, allez sans culpabilité, sans crainte de jugement, refusant de succomber à l’idée que quelqu’un d’autre saura mieux que vous ce qui fait votre bonheur.

La vie est déjà assez difficile comme ça. Et à la fin du voyage nous aurons été là où nos décisions nous aurons mené.

Alors, pourquoi ne pas décider en pensant d’abord à vous ?

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Publié par Kliner