C’est quoi l’effet Mandela? 5 exemples frappants
Qu’est ce que l’effet Mandela ?
L’effet Mandela est un phénomène de fausse mémoire collective qui se produit lorsque plusieurs personnes qui ont vécu le même événement ne le remémorent pas de la même façon.
En effet le cerveau humain n’est pas toujours précis dans sa façon de créer la mémoire. Les souvenirs créés même lorsqu’ils ne s’estompent pas, peuvent néanmoins évoluer avec le temps de telle sorte qu’une personne puisse les remémorer différemment selon le contexte dans lequel elle se situe.
Par ailleurs la mémoire d’une personne peut être influencée par d’autres au point de générer des faux souvenirs. Et avec le phénomène des réseaux sociaux, une information incorrecte sur un événement passé peut se propager rapidement à travers le monde, avec le pouvoir d’alimenter diverses théories du complot.
C’est précisément un faux souvenir à propos de la mort de Nelson Mandela qui a permis d’édifier le phénomène jusqu’à lui donner son nom : « Effet Mandela ».
Pourquoi dit-on effet Mandela ?
L’écrivaine et chercheuse Fiona Broome est à l’origine de l’expression « Effet Mandela », lorsqu’au milieu des années 2010 elle crée un site Web détaillant ses souvenirs de l’ancien président de la République sud-africaine Nelson Mandela, qui elle l’affirme, est mort en prison dans les années 80.
Or Nelson Mandela n’est pas mort en prison, pas plus qu’il n’est décédé dans les années 1980.
Après avoir passé 27 ans, 6 mois et 6 jours en prison, Mandela est libéré le 11 février 1990 et deviendra peu de temps après Président de l’Afrique du Sud de 1994 à 1999, avant de décéder en 2013, à l’âge de 95 ans.
En dépit de ces faits vérifiables, Fiona Broome restait persuadée d’avoir le souvenir d’informations de journaux officiels qui titraient que Nelson Mandela était mort dans les années 80. Et en faisant des recherches, elle a trouvé un certain nombre de personnes qui pensaient comme elle.
Ainsi est né l’effet Mandela.
Comment se forment les faux souvenirs ?
La mémoire humaine est très maléable. Diverses interactions peuvent altérer la mémoire, pouvant conduire une personne à avoir un souvenir erroné d’un événement, voire même à se rappeler d’un événement qui n’a jamais eu lieu.
Voici quelques causes potentielles de l’effet Mandela.
Faux souvenirs
Les faux souvenirs représentent un phénomène psychologique qui se produit lorsqu’une personne se remémore de façon déformée un événement qui s’est produit ou lorsqu’elle semble se souvenir d’un événement qui n’a jamais eu lieu.
En effet la mémoire peut être influencée de multiples façons. Le profond désir d’une personne de croire quelque chose de différent, ou de fausses informations continuellement diffusées sur Internet peuvent influencer la mémoire au point de créer l’effet Mandela.
Par exemple dans le cadre d’une expérience contrôlée, des scientifiques ont été capables d’induire faussement dans la mémoire des partcipants les souvenirs d’un crime qu’ils n’avaient pas commis. Au terme de l’expérience certains ne pouvaient plus distinguer le vrai du faux.
Les chercheurs ont même découvert une méthode simple pour induire de faux souvenirs dans le cerveau, appelée paradigme de tâche Deese-Roediger-McDermott (DRM). Au cours du paradigme de la tâche DRM, les participants lisent une liste de mots connexes, tels que :
- zèbre
- singe
- baleine
- serpent
- éléphant
Après avoir lu cette liste, les chercheurs vont demander aux participants s’ils se souviennent avoir lu un certain « mot leurre », qui n’était donc pas dans la liste mais qui est relatif aux autres termes de la liste. Par exemple le mot ‘Gazelle’.
L’expérience montre que plusieurs participants vont affirmer se souvenir d’avoir lu le « mot leurre », alors qu’il n’était pas dans la liste.
Confabulations
La confabulation est un phénomène psychologique qui conduit le cerveau à inventer des souvenirs, généralement pour combler des trous dans la mémoire.
Par exemple quelqu’un qui ne se souvient pas de l’histoire récente de Nelson Mandela peut être amené à penser qu’il est mort il y a très longtemps, et se persuader que c’est un fait. Cette personne n’est pas forcément une menteuse. Elle croit juste profondément au faux souvenir qui s’est créé par confabulation.
À un certain degré la confabulation est d’ailleurs un symptôme courant des troubles neurologiques comme la maladie d’Alzheimer ou la démence qui affectent la mémoire.
Lorsqu’une personne atteinte de démence confabule (invente une histoire pour combler un trou de mémoire) elle n’essaie pas de tromper son interlocuteur, mais n’a juste pas les clés pour remémorer de façon plus précise ce qui s’est produit.
Influence d’internet
Le concept de l’effet Mandela fait de plus en plus parler sur la toile, ce qui vient avec son lot d’approximations voire de désinformations.
Sur certains blogs on peut par exemple lire que l’effet Mandela est la preuve qu’il existe des univers parallèles et que le fait de se souvenir de quelque chose qui n’a pas existé ici, c’est peut être parce que le souvenir viendrait d’un univers parallèle dans lequel nous avons vécu.
D’autres prennent appui sur l’effet Mandela pour promouvoir des fausses croyances sur divers sujets, utilisant l’une de ces techniques :
- Suggestion orientée d’informations pour pousser à une conclusion qui n’est pas dite, mais qui se construit tel un souvenir
- mélange de fausses informations avec de vraies
- répéter une fausse information jusqu’à ce qu’elle paraisse vraie
- propager des « fake news » pour atteindre un objectif socio-politique
Comment reconnaître un effet Mandela
On peut penser être témoin d’un effet Mandela lorsqu’on fait face à un ou plusieurs de ces phénomènes :
- On a des souvenirs partiellement erronés d’un événement
- On se souvient fermement d’un événement qui n’a pas eu lieu
- Plusieurs personnes partagent de faux souvenirs collectifs
Par définition, nul ne peut constater spontanément qu’il est sujet à l’effet Mandela, puisque lorsqu’on y est sujet, on est objectivement convaincu de l’exactitude de ses faux souvenirs.
5 exemples de l’effet mandela
Ce produit ménager phare c’est Febreze, pas Febreeze
Pour votre ménage du dimanche ou au quotidien, vous êtes nombreux à utiliser ce produit.
Mais soyez honnête, si on vous demandait d’écrire le nom de la marque vous auriez mis « Febreeze » n’est ce pas ?
Pourtant c’est ‘Febreze’ !
Il ne s’agit pas d’une faute d’orthographe ici, mais un des beaux exemples de l’effet Mandela. L’imaginaire a comblé un trou (la connaissance du véritable orthographe) en se persuadant d’avoir toujours une terminologie qui n’existe pas.
Le père du Monopoly ne porte pas de monocle
Beaucoup sont encore persuadés que le personnage à la moustache et au chapeau qu’on retrouve sur les cartons de monopoly porte un monocle (petit verre optique qui tient sur un seul oeil).
Pourtant il n’en est rien.
La queue de Pikachu est bien jaune jusqu’au bout
De nombreuses personnes à qui on pose la question se remémorent de la queue de Pikachu comme étant jaune et noir.
Ceci peut être attribué à un effet Mandela, où le cerveau crée un souvenir sur la base de suggestions d’autres images qu’il a de créatures similaires (Marsipulami, etc) pour pousser à déduire que la queue dans ce cas est aussi jaune et noire.
Mona Lisa ne sourit pas
L’expression de visage de Mona Lisa sur la célèbre oeuvre de Léonard de Vinci a tant fait parler.
Mais ceux qui sont persuadés d’avoir vu un sourire évident sur la Joconde se trompent.
« Luke, je suis ton père ». Vraiment ?
Cette réplique célèbre sortie du 5ème opus de la saga Star Wars est symptomatique de l’effet Mandela.
Darth Vader ne dit jamais « Luke, je suis ton père ». Il rétorque plutôt : « Non, je suis ton père ».
Petite différence qui change tout et pourtant c’est la première version qui n’a jamais existé qui est répandue comme vérité.
Sex in the city ou Sex and the city ?
S’il est vrai qu’il y a beaucoup de scènes de sexe dans la célèbre série hollywoodienne, pour autant le titre de la comédie ce n’est pas « Sex in the city » comme le pensent certaines personnes, mais ben « Sex and the city ».
À lire aussi :
👉 L’histoire derrière le mot Stonks (Définition & Origine du mème)
