Qu’est ce que le rêve américain ?

Le rêve américain (« The American Dream » en anglais) est un idéal partagé dans la culture des États-Unis selon lequel toute personne, indépendamment de ses origines et de sa classe sociale, peut parvenir au succès dont elle rêve grâce à une société où aucune barrière n’existe entre les différents échelons.

Cet idéal de succès inclut des notions de droits individuels, de liberté, de démocratie et d’égalité, partant du principe que quiconque a le droit d’aspirer à la réussite et au bonheur, peu importe d’où il vient.

Un des éléments clés derrière cette idée de « l’american dream » c’est que tout est possible aux États-Unis pour celui qui a la détermination, le courage et l’audace de poursuivre ses rêves, en se reposant sur la prise de risque et le travail, plutôt qu’en comptant sur la chance ou le hasard.

Dans son best-seller ‘The Epic of America‘, l’écrivain et historien américain James Truslow Adams a parfaitement décrit ce qu’était le rêve américain vu par ceux qui ont observé le mythe se construire au fil des décennies.

Il le décrivait comme étant « Ce rêve d’un pays où la vie serait plus agréable, plus riche et plus complète pour chacun, et où les opportunités se présentent aux uns et aux autres uniquement sur la base du mérite.« 


Les origines du rêve américain

Les fondements du rêve américain sont enracinés dans la Déclaration d’Indépendance du 04 juillet 1776 des Etats-Unis.

Ce document rédigé par les pères de la nation américaine mentionne deux choses qui ont contribué à donner forme à ‘l’american dream’ tel qu’on le définit aujourd’hui.

La déclaration dit que « Tous les Hommes naissent égaux et chacun a le droit de vivre libre et de poursuivre son bonheur. »

Par la suite la Constitution américaine est venue réitérer ce principe dans son préambule, en rappelant que son objet premier était d’assurer la liberté et la prospérité de chaque personne vivant sur le territoire américain, soit le contexte nécessaire pour que chaque individu puisse vivre pleinement sa vie telle qu’il la définit.

Ces principes fondateurs ont rapidement séduit des millions d’étrangers à travers à le monde, de l’Amérique du Sud en Europe (Irlande, Italie…), en passant par l’Australie et plus tard l’Afrique… Autant de personnes qui ont émigrés vers l’Amérique pour se donner une chance de rencontrer le succès qu’ils espèrent, de vivre leur rêve américain.

En devenant cette terre d’immigration où les étrangers sont invités et incités à venir en Amérique avec des programmes comme la Loterie de la Green Card USA ; où on peut facilement obtenir la citoyenneté américaine sans forcément être né d’un parent américain ; où des anonymes partis d’en bas et d’ailleurs sont devenus des stars internationales (Arnold Schwarzenegger, Jean-Claude Van Damme, Al Pacino, Robert de Niro…) ; les États-Unis ont solidement construit et propagé le mythe du rêve américain à travers le monde.

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« The american dream » & ses évolutions dans le temps

Tout au long de l’histoire des États-Unis et même avant qu’ils ne deviennent une nation indépendante, le concept du rêve américain s’est décliné sous différentes formes et significations tout en conservant comme fondement le droit à la liberté et au bonheur.


The American Dream des débuts

Au tout début le rêve américain était centré sur la conquête de l’Ouest, période longuement décrite au cinéma par les films « Western » mettant en scène des Cow-boys en quête de nouvelles terres toujours plus à l’Ouest, jusqu’aux frontières des territoires indiens.

En 1774 le gouverneur de Virginie, John Murray, disait que la plupart des Américains imaginait constamment que les terres plus éloignées étaient encore meilleures que celles sur lesquelles ils étaient déjà installés.

Ce qui se traduisait par une éternelle insatisfaction et un désir constant d’aller chercher mieux ailleurs. Ironiquement, John Murray disait des américains que « s’ils atteignaient le paradis, ils l’abandonneraient s’ils entendaient parler d’un meilleur endroit plus à l’ouest. »


The American Dream du 19ème siècle

Au XIXe siècle, le désir de réussir son rêve américain traverse l’Atlantique pour se propager à travers le monde. Cela produira les prémices de l’émigration massive, avec de milliers d’européens qui ont choisi de quitter leur pays natal pour aller tenter leur chance en Amérique.

L’émigration de la haute classe allemande suite à l’échec de la révolution allemande de 1848 en est l’exemple parfait.

À cette époque, les allemands hautement éduqués étaient attirés par les libertés politiques et économiques vantées dans le Nouveau Monde, notamment aux États-Unis.

Ils étaient aussi séduits par le fait qu’aux États-Unis le système de classe était moins présent, et que là-bas les gens n’étaient pas limités dans leur évolution par le plafond de verre inhérent à leur classe sociale.

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La découverte de l’or en 1849 en Californie a aussi influencé de manière significative le mythe du rêve américain.

Des centaines de milliers d’hommes désireux de devenir riche du jour au lendemain, ont migré vers la Californie dans un immense mouvement d’exode connu comme la ruée vers l’or.

Si l’immense majorité des personnes a fait faillite dans cette aventure, des fortunes se sont tout de même créées en un éclair, alimentant la légende du « Tout est possible en Amérique.« 

Bien qu’elle ait fluctué avec les sensibilités politiques et économiques et les évolutions sociétales, la conviction que le succès personnel est possible pour quiconque ose, est un moteur fort du rêve américain jusqu’à ce jour.


The American Dream depuis le 20ème siècle

Le livre de James Truslow Adams « Epic of America » a rendu encore plus populaire le terme «American Dream» au début du XXe siècle.

Dans son best-seller Adams explique comment le rêve américain a changé au fil du temps et comment il était difficile pour l’aristocratie européenne de comprendre sa valeur, pourquoi il attirait tant d’immigrants aux États-Unis et pourquoi des américains eux-mêmes ne comprenaient plus le sens de ce concept.

« Nous-mêmes sommes trop nombreux à nous être lassés du rêve américain au point de s’en méfier. Mais le rêve américain ce n’est pas simplement un rêve de voitures et de revenus élevés, mais c’est un rêve d’ordre social dans lequel chaque homme et chaque femme pourra atteindre la stature la plus complète dont il est naturellement capable et être reconnu par les autres pour ce qu’il est, quelles que soient les circonstances fortuites de naissance ou de position. »

L’historien américain a également souligné que – malgré la forte croissance économique du pays, l’explosion des richesses et des succès, et la façon dont les opportunités ont tendance à se présenter plus facilement aux personnes ayant déjà réussi – la croyance selon laquelle n’importe qui peut accéder au succès et au bonheur pour peu qu’il s’en donne les moyens reste intacte.

Adams notait aussi que le rêve américain c’était bien plus que la réussite économique. C’était le rêve de pouvoir grandir jusqu’à son développement le plus complet en tant qu’homme ou femme, sans être gêné par les barrières qui s’étaient lentement érigées dans les anciennes civilisations, sans être réprimé par des ordres sociaux qui s’étaient développés au profit des hautes classes plutôt que de servir le commun des mortels.

C’est sur ce socle que les mouvements politiques – tels que le mouvement pour le droit de vote des femmes, ainsi que le mouvement des droits civiques qui a prospéré dans les années 1960 – ont pris appui pour façonner et renforcer la portée de l’idéal du rêve américain.

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Le capitalisme a-t-il tué le rêve américain ?

Le capitalisme peut se définir comme un système économique où les moyens de production sont majoritairement détenus par les acteurs privés, et où la loi de l’offre et de la demande est supposée fixer librement les prix de façon auto-régulée et bénéfique pour la société.

La création de richesse qui s’observe dans les pays avec une économie capitaliste laisserait penser qu’aux États-Unis, le premier pays capitaliste au monde, le capitalisme serait le tremplin ultime du rêve américain.

Ceci d’autant plus qu’à bien des égards, les principes du capitalisme font partie des fondements même du rêve américain, notamment pour ce qui est de la défense des libertés individuelles, de la réalisation par soi même, du marché libre de l’opportunité et de la quête constante de l’accomplissement, du succès.

Seulement, la mise en oeuvre du capitalisme n’a de cesse de produire des travers dont les conséquences tendent à supplanter les vertus de la doctrine, notamment lorsque celle-ci n’est pas régulée ou que la régulation est guidée par des politiques corporatistes et par la cupidité humaine.

En effet force est de constater que dans une économie capitaliste, la consommation ne peut être vertueuse puisqu’elle est constamment stimulée aux seules fins de générer plus de profit financier ; que cela participe à la surconsommation des ressources de la planète ; que les capitaux qui circulent se dirigent toujours plus massivement et plus rapidement vers ceux qui ont déjà le capital ; que cela accélère la création des inégalités entre les classes sociales ; que les travailleurs ont de plus en plus de mal à vivre convenablement de leurs revenus…

En définitive, le capitalisme galopant semble aller à rebours de l’idéal même du rêve américain, en recréant notamment les barrières entre les classes sociales et en offrant les opportunités en priorité aux plus privilégiés, bafouant ainsi la notion même de Liberté qui est au cœur du rêve américain, au risque de n’en faire qu’un mythe.

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Le rêve américain est mort. Vive le rêve américain.

La grande récession de 2008 engendrée par la crise des Subprimes est un moment témoin où les fondamentaux du capitalisme ont été dévoués, et où le rêve américain n’a peut-être continué d’être une réalité que pour ceux restés endormis.

En effet, le capitalisme et par ricochet le rêve américain, ont besoin que 4 libertés soient respectées pour opérer équitablement :

  1. La liberté de vendre
  2. La liberté d’acheter
  3. La liberté d’essayer
  4. La liberté d’échouer

Si les 3 premières sont à l’œuvre tous les jours, la 4ème liberté est sans doute la plus importante car c’est elle qui récompense la prise de risque, qui permet d’améliorer le système grâce aux leçons apprises et qui in fine permet de donner à chacun des chances égales.

Or pendant la crise de 2008, le gouvernement américain a déployé une politique exceptionnelle de soutien financier pour sauver de la faillite les entreprises qu’il considérait comme étant « Too big to fail » autrement dit, « Trop grandes pour tomber » (General Motors, etc.).

Plus récemment encore au cœur de la pandémie du Covid, le même mécanisme s’est mis à l’œuvre avec des politiques de soutien encore plus fortes à destination des entreprises déjà parmi les plus puissantes (Boeing, etc.).

Ce faisant, les garants de « l’american dream » auraient eux-mêmes sonné la fin du mythe, puisque par la force des choses ils ont protégé les nantis, ont alimenté la lutte des classes ou tout du moins la détestation de la haute société ; mais plus important encore, ils ont empêché des millions d’entrepreneurs de saisir une opportunité pour laquelle ils s’étaient longtemps préparés.

Dans ce contexte les success stories des personnes parties de zéro et qui ont atteint les sommets ne sont plus perçues comme des preuves de la réalité de « l’american dream », mais comme des exceptions d’une règle qui veut que le rêve américain ne fonctionne plus.

Mais comme tout mythe, il est toujours prêt à renaître de ses cendres.

Publié par Kliner